Bourdon B lapidarius

Quelle diversité pour les pollinisateurs parisiens ?

L’urbanisation modifie la composition des communautés d’insectes pollinisateurs. Mais quels sont les gagnants et les perdants de ce filtre environnemental ? Vincent Zaninotto et ses collaborateurs tentent de répondre à cette question dans un article paru dans la revue Insects, en comparant la diversité des pollinisateurs dans les milieux naturels et dans les espaces verts parisiens.


Il est communément admis que l’urbanisation modifie la composition des communautés biologiques, parmi lesquelles les communautés d’insectes pollinisateurs. Mais quels sont les gagnants et les perdants de ce filtre environnemental ? Pour répondre à cette question, Vincent Zaninotto et ses collaborateurs ont comparé les pollinisateurs des espaces verts parisiens et de prairies rurales d’île de France. En identifiant les espèces présentes ainsi que leurs caractéristiques morphologiques et comportementales, ils en ont déduit quels traits étaient favorisés dans le milieu urbain. Leurs conclusions sont développées dans l’article « Seasonal variations of pollinator assemblages among urban and rural habitats : a comparative approach using a standardized plant community », publié dans la revue Insects.


Pour réaliser ce travail, l’équipe a tiré profit d’un dispositif expérimental élaboré en partenariat avec la Station d’Écologie Forestière de Fontainebleau (Université de Paris) et le CEREEP ECOTRON – Ile de France (ENS, CNRS), et mis en place dans le cadre de leur travail sur l’activité saisonnière des pollinisateurs urbains (Zaninotto et al. 2020, Ecology and Evolution) : des assemblages floraux standardisés, constitués de deux espèces végétales, la moutarde blanche (Sinapis alba) et le lotier corniculé (Lotus corniculatus). Les insectes pollinisateurs venus visiter ces plantes ont été répertoriés pendant deux ans, en parallèle en ville et en milieu rural.

Au cours de cette étude, 63 espèces de pollinisateurs ont été identifiées à Paris, dont 44 espèces d’abeilles sauvages. En comparaison, ce sont 74 espèces qui ont été répertoriées dans les prairies rurales de Seine-et-Marne, dont 48 espèces d’abeilles sauvages. La diversité des pollinisateurs parisiens, bien que légèrement plus faible que celle des milieux ruraux, est donc tout à fait respectable au regard des contraintes du milieu urbain. Il faut toutefois rappeler qu’il s’agit là uniquement d’un sous-échantillon des communautés de pollinisateurs, car seuls sont concernés les insectes qui butinent volontiers sur la moutarde et le lotier.

C’est surtout sur le plan fonctionnel que les communautés urbaine et rurale de pollinisateurs se distinguent. En effet, la ville semble abriter moins d’abeilles appartenant à des espèces solitaires ou terricoles. En revanche, les gagnants sont des espèces communes qui peuvent devenir très abondantes, comme le bourdon des champs, Bombus pascuorum. Par ailleurs, les abeilles sauvages observées présentaient des tailles corporelles globalement plus importantes en ville qu’en milieu rural.


Publiés dans le numéro spécial « Pollinator conservation » de la revue Insects, ces résultats confirment un filtrage des communautés de pollinisateurs par l’environnement urbain. Cette situation tient probablement à la disponibilité des ressources alimentaires et des sites de nidification, qui est altérée en ville. Puisque la diversité des pollinisateurs est essentielle à la pollinisation des plantes, ces effets doivent être pris en compte afin de préserver la fonction de pollinisation malgré l’urbanisation croissante de nos paysages.

Référence

Zaninotto, V.; Perrard, A.; Babiar, O.; Hansart, A.; Hignard, C.; Dajoz, I. Seasonal Variations of Pollinator Assemblages among Urban and Rural Habitats: A Comparative Approach Using a Standardized Plant Community. Insects 2021, 12, https://doi.org/10.3390/insects12030199

Contact

ZANINOTTO Vincent, Doctorant (CIFRE Sorbonne Université et Ville de Paris)

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