Affiche osons les changements transformateurs

Médiapart – Comment enclencher un “changement transformateur” ?

En septembre 2021, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a organisé un colloque d’une journée sur les “changements transformateurs.” Sur quels leviers appuyer pour espérer voir une vraie transformation ?

? Un article de blog Médiapart écrit par Frédéric Denhez


Extrait de l’article

Sébastien Barot directeur de recherche IRD au département « Diversité des communautés et fonctionnement des écosystèmes » de l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement (iEES) à Paris, conclut cette Journée, par une illustration, la ville. La population humaine est devenue majoritairement urbaine. Les villes représentent une surface faible par rapport aux continents (1 %) mais qui augmente très rapidement. « Cette croissance correspond à 5 % des émissions de carbone par transformations des écosystèmes autour des villes, avec toutes les conséquences écologiques qui en découlent : les villes grignotent les espaces naturels. » Autre élément, lorsque la richesse d’un pays augmente, ses villes grandissent, car sa population vient y vivre. Et puis, les villes génèrent des flux, de produits manufacturés, de l’énergie, de la nourriture et de l’eau et en sens inverse, des déchets et de la pollution. « Mais il ne faut pas faire de la ville-bashing, car l’organisation en ville peut être efficace : elle peut permettre de limiter les déplacements, de fournir plus de services à moindre coût et, en général, d’émettre moins de gaz à effet de serre par habitant. » Plus la ville est dense, plus elle est économe en carbone… plus elle crée de la chaleur qui finit par peser sur ses habitants. « La biodiversité peut alors être un changement transformateur, car elle fait baisser la température par évapotranspiration, peut fournir de la nourriture, absorber l’eau de pluie, réguler la qualité de l’air et stocker du carbone. » Agir pour la biodiversité en ville, qui n’est pourtant pas la plus diversifiée, peut avoir un autre effet transformateur : celui de rendre visible le vivant au regard des urbains déconnectés. « Un des leviers pour aller plus loin encore, c’est de rendre les sols perméables et vivants, un autre c’est de créer des écosystèmes dans les parcs urbains – pas des toits végétalisés de 2 cm d’épaisseur, un autre encore c’est de modifier la structure des villes afin d’optimiser les flux » et de réduire les inégalités d’accès à la biodiversité elle-même, qui reste réservée, en général, aux quartiers favorisés. Or, la nature apaise, détend, déstresse. Elle participe du lien social sans lequel on ne fera jamais de grands changements.

Les changements transformateurs sont des entités difficiles à saisir. Ils doivent en toucher d’autres qui s’inscrivent dans des échelles différentes, institutions, entreprises, collectivités, de tailles différentes et dans des pas de temps qui ne sont pas les mêmes, rappelle François Sarrazin, en forme de conclusion. « 2050 est visé, c’est peu d’un point de vue écologique, c’est le bout du monde pour la politique : il y aura toujours tension entre urgence et le temps long… » À cela s’ajoutent des perceptions différentes du « bon » changement, entre juristes, législateurs, naturalistes, citoyens. « Il faut les bons indicateurs et des scénarios, pour décider, mais aussi des innovations à la fois techniques et sociales » pour que concordent les ambitions individuelle et collective. Alors sera-t-on entré dans l’ère d’une nouvelle transcendance, après celles de la religion et de l’économie : l’écologie.

PPT © Sébastien BarotRecommandé (2)

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