Cette étude révèle le potentiel des machines à soda pour anesthésier les pollinisateurs. Une manière douce permettant d’aider à l’étude des visiteurs de fleur et au développement d’outils de reconnaissance automatisée par analyse d’images grâce à l’intelligence artificielle.
L’une des limites actuelles à l’étude des pollinisateurs sauvages est la difficulté d’identifier ces insectes au niveau de l’espèce. Le développement d’outils d’identification sur images par intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives par rapport au paradigme actuel d’euthanasie des spécimens pour les identifier en laboratoire. Cependant, l’obtention d’images de référence standardisées ou de caractères morpho-anatomiques précis nécessaires à ces outils est difficile, voire impossible sur un spécimen actif. Pour faciliter l’obtention de ces photos, nous avons testé deux protocoles d’anesthésie au CO2 de spécimens sur le terrain avec un matériel accessible au grand public. Nous avons mesuré le temps d’anesthésie sur 196 visiteurs de fleurs, hyménoptères et diptères. Avec le protocole le plus performant, 90 % des insectes étaient anesthésiés pendant plus d’une minute. La mortalité due au traitement était marginale (1,5 %). La durée de l’anesthésie augmentait avec la température de l’air, ainsi qu’avec la taille des spécimens chez les hyménoptères. Les diptères étaient moins sensibles à l’anesthésie que les hyménoptères. Des études complémentaires seraient nécessaires pour appréhender les effets sublétaux potentiels de ces anesthésies. Néanmoins, l’anesthésie au CO2 sur le terrain pourrait faciliter le développement de méthodes non-létales d’identification des pollinisateurs.
Référence :
M.Toulzac , M. Methoulthi & A. Perrard (2022). Soda maker for field anesthesia as a step towards a nonlethal identification of wild bees and other flower visitors. Osmia, 10: 25-34. https://doi.org/10.47446/OSMIA10.3