Cette photo montre un collembole Folsomia candida adulte mesurant environ 2mm de long.

Diversité, plasticité et asynchronie de la sénescence chez le Collembole Folsomia candida

Une grande partie des organismes vivants souffrent de sénescence : leurs fonctions vitales tendent à décliner avec l’âge chez les individus adultes. La sénescence peut affecter de nombreux traits comme la survie ou la reproduction : le risque de mortalité augmentant alors avec l’âge tandis que les performances reproductives des individus séniles diminuent. La manière précise dont ces traits varient avec l’âge des individus diffère entre les espèces mais aussi au sein d’une espèce. Ainsi, l’âge à partir duquel la sénescence commence à se manifester et la rapidité de ce déclin peuvent fortement varier. Certaines espèces parviennent même à échapper à la sénescence : leur mortalité et leur capacité de reproduction restent alors stables même chez les vieux adultes.

Existe-t-il des facteurs génétiques ou des paramètres environnementaux permettant à certains individus de retarder ou d’échapper à sénescence ou de moins en souffrir ? La sénilité commence-t-elle à affecter aux mêmes âges la survie et la reproduction des individus, ou certains traits commencent-ils à décliner avant d’autres ?

Une étude publiée récemment dans Frontiers in Ecology and Evolution décrit finement la manière dont la survie et la reproduction déclinent avec l’âge chez une espèce de Collemboles. Cet animal cousin des Insectes souffre de sénescence sur sa survie mais aussi sur de nombreux aspects de sa reproduction (fécondité, fréquence et qualité des pontes). Et le déclin des fonctions reproductives précède généralement l’augmentation de la mortalité avec l’âge.

La figure représente en haut les courbes de survie (proportion d’individus vivant en fonction de leur âge) et en bas le taux de mortalité en fonction de l’âge pour deux lignées de collemboles (lignées A et B) soumises chacune à deux régimes de nourrissage (nourriture abondante « ad libitum » ou restriction alimentaire « dietary restriction »). On peut voir que la lignée A survit mieux et vit plus longtemps que la B dans les deux environnement mais aussi qu’elle parvient à profiter de manière spectaculaire de la restriction alimentaire pour augmenter sa survie grâce à un ralentissement quasiment complet de sa sénescence.

Cette étude montre aussi que la manière dont les individus subissent les effets de l’âge varie fortement en fonction de l’environnement dans lequel ils ont vécu. L’alimentation peut avoir un effet drastique sur les effets de l’âge : une restriction alimentaire permet à certaines lignées de ralentir, voire de stopper complètement, le vieillissement à la fois de la survie et de la reproduction. Mais cet effet protecteur de la restriction alimentaire n’est pas le même chez toutes les lignés étudiées.

Ces différences montrent qu’il existe des facteurs génétiques modulant les effets de l’environnement sur le vieillissement. Les effets du vieillissement n’apparaissent pas aux mêmes âges selon les traits considérés et ils peuvent varier fortement entre individus en fonction de leurs caractéristiques génétiques et de la qualité de l’environnement dans lequel ils se sont développés.

Référence

Tully T (2023) Diversity, plasticity and asynchrony of actuarial and reproductive senescence in the Collembola Folsomia candida (Willem, 1902).

Front. Ecol. Evol. 11:1112045. doi: 10.3389/fevo.2023.1112045

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