Un article sur les atouts de la végétalisation dans les villes de Luc Abbadie, Professeur de Sorbonne Université à iEES Paris, dans le 1 hebdo n°318.
À l’évidence, les villes de demain seront très différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Le climat plus chaud qui s’installe, la raréfaction du vivant en cours et la nouvelle donne énergétique y entraînent déjà des changements d’organisation et de fonctionnement qui se veulent des réponses à ces crises environnementales globales dont les effets se font sentir localement. Il est désormais largement admis que le rétablissement de la viabilité de la planète, impératif structurant du XXIe siècle, se jouera pour une part essentielle dans les villes, lieux de concentration des humains et de construction d’une culture planétaire. Réussir la transition écologique de la société, rapidement, passe donc par une réinterrogation du concept de territoire urbain de multiples points de vue, notamment de celui de l’écologie en tant que science du vivant.
On peut voir les villes comme des superorganismes qui consomment des territoires et plus précisément les territoires de la régulation climatique, de la biodiversité et de la production de ressources alimentaires. Les villes ne sont pas suspendues dans le vide. Elles s’insèrent dans des espaces périurbains et ruraux qui influencent – on n’en est pas toujours bien conscient – les conditions de vie qui y règnent. Tout climat local, y compris le climat urbain, dépend du climat régional qui est, pour une part variable selon le régime de circulation atmosphérique, fonction de la distribution et des surfaces des forêts, des champs et des zones humides. Quelques études montrent ainsi qu’en cas de déforestation, par exemple, il y a des effets variables, à la hausse ou à la baisse, sur les précipitations, et souvent un accroissement de la température locale.
Même si l’agriculture est aujourd’hui reconnue comme la cause principale de l’érosion de la biodiversité et du recul des milieux sauvages, les villes et les infrastructures intercités y contribuent en réduisant et en fragmentant les habitats de nombreuses espèces. Pas seulement leurs habitats mais aussi les écosystèmes dans leur entier, avec les services qu’ils rendent comme la séquestration du carbone dans les sols ou l’infiltration de l’eau vers les nappes phréatiques. Dans ces conditions, on ne peut pas ne pas se poser la question du zéro artificialisation nette, c’est-à-dire de la stricte…
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