Si elle vise à protéger le vivant, l’apiculture urbaine produit aussi des effets pervers. Pollinisateurs domestiques et sauvages entrent en compétition sur des territoires limités, tandis que des start-up cherchent avant tout à tirer profit de la mode du «bee-washing».
Depuis une vingtaine d’années, les appels à sauver les abeilles se multiplient. Et pour cause, les populations de butineuses s’effondrent partout dans le monde, comme celles de la plupart des autres insectes, selon plusieurs études récentes. Pour porter secours au soldat Maya, collectivités, entreprises ou particuliers ont cru bon devoir installer des ruches à tour de bras. Y compris en ville. A Paris, la pratique a explosé ces dernières années, pour gagner les toits du Palais Garnier, de l’Assemblée nationale, de divers musées, ou d’entreprises comme LVMH. Idem dans la plupart des autres villes, en France et ailleurs. Sauf que le boom de l’apiculture urbaine est en réalité une fausse bonne idée.
Une étude menée à Paris entre 2014 et 2016, et publiée en 2019, dans la revue Plos One par Lise Ropars, Isabelle Dajoz (EERI – DCFE), Colin Fontaine, Audrey Muratet, Benoît Geslinest, est venue jeter le trouble. La première au monde à s’intéresser à l’impact des introductions massives d’abeilles domestiques en milieu urbain, celle-ci «suggère très fortement» qu’en cas de forte densité, ces abeilles qui vivent dans les ruches s’approprient les ressources florales et, par compétition, empêcheraient les autres pollinisateurs d’y accéder. «Nous avons constaté que la qua…
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